Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Lun 15 Oct 2012, 23:53
source > leparisien.fr
Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I
Réputée école la plus difficile du département, l’élémentaire Alain-I, dans le quartier de Beauval, est le théâtre, depuis la rentrée, de violences sans précédent de la part d’écoliers.
Par FAUSTINE LÉO, Publié le 12.10.2012
Enfants qui sortent de classe de leur propre chef, qui crient en cours, qui se roulent par terre lorsqu’il faut rentrer en classe, insultes, coups entre élèves, intolérance à toute autorité, insultes, coups et menaces de mort à un adulte… Ce devait être une école pilote à la rentrée des vacances d’automne. Mais, pour le moment, le pilote va droit dans le mur.
A l’école élémentaire Alain-I, classée en zone d’éducation prioritaire au cœur du quartier de Beauval, qui concentre de nombreuses difficultés sociales, à Meaux, les enseignants devraient être en train de mettre en place une expérience innovante permettant, en répartissant les écoliers par groupe de niveau et non par classe, de rattraper les retards d’apprentissage. Il n’en est plus question. Mardi, un assistant d’éducation a été agressé par un groupe d’une vingtaine d’élèves pour avoir pris le ballon à un groupe d’enfantsqui refusaient d’arrêter de jouer après la fin de la récréation. Il a porté plainte pour violences et menaces de mort.
« Il faut que cela redevienne une école, pour le moment c’est un souk, déplore un animateur du centre social Aragon voisin. On aimerait bien comprendre pourquoi à l’école Alain-II, juste à côté, tout se passe bien. » « Alain-I est l’école la plus difficile du département, confirme Eric Sueur, secrétaire départemental du Snuipp, principal syndicat représentant les enseignants du premier degré. Pour l’instant, les professeurs tentent de transformer les enfants en élèves. Mais c’est une vraie poudrière. » La situation n’est pas nouvelle, elle perdure depuistrois ans. Pour redonner un nouveau souffle, toute l’équipe enseignante a été changée cette année. « Cette année, les enfants sont les plus anciens dans l’école », pointe Eric Sueur.
« Ils testent les adultes pour voir jusqu’où ils peuvent aller, déplore une maman qui estime à une vingtaine le nombre d’éléments perturbateurs. L’un montre ses fesses à toute la classe, des petits frappent des plus grands, insultent les maternelles à travers la grille… On va finir par avoir besoin de CRS. Il faut qu’ils s’en aillent pour que le calme revienne. »
Une option qu’envisagerait l’inspection académique, qui a commencé par organiser une réunion avec les parents, lundi. Elle devrait aussi mettreen place un accompagnement personnalisé d’une quinzaine d’écoliers. Dès hier, l’équipe mobile d’intervention, une unité de l’inspection qui intervient en cas de conflit dans les collèges, a investi les lieux. Pour aider à l’apaisement, la mairie va mobiliser des animateurs du service jeunesse durant les récréations. Pour que les élèves se réapproprient les lieux, ils devraient participer à la décoration de l’école tandis que des travaux de réfection dans l’établissement sont planifiés. Des associations doivent aussi intervenir pour favoriser le respect et la citoyenneté.
Les professeurs, « une équipe soudée », selon le Snuipp-FSU, ne souhaitent pas s’exprimer, attendant de constater l’efficacité des moyens mis en place. Silence aussi du côté de l’inspection académique qui se borne à déclarer qu’elle « travaille avec l’équipe pour que l’école retrouve un fonctionnement normal ».
Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I
Réputée école la plus difficile du département, l’élémentaire Alain-I, dans le quartier de Beauval, est le théâtre, depuis la rentrée, de violences sans précédent de la part d’écoliers.
Par FAUSTINE LÉO, Publié le 12.10.2012
Meaux, école Alain-I, le 10 septembre. Des animateurs de la mairie seront présents durant les récréations afin d’aider à apaiser le climat dans l’enceinte de l’école où, mardi, un assistant d’éducation a été agressé par une vingtaine d’élèves.(LP/Arnaud Journois.)
Enfants qui sortent de classe de leur propre chef, qui crient en cours, qui se roulent par terre lorsqu’il faut rentrer en classe, insultes, coups entre élèves, intolérance à toute autorité, insultes, coups et menaces de mort à un adulte… Ce devait être une école pilote à la rentrée des vacances d’automne. Mais, pour le moment, le pilote va droit dans le mur.
A l’école élémentaire Alain-I, classée en zone d’éducation prioritaire au cœur du quartier de Beauval, qui concentre de nombreuses difficultés sociales, à Meaux, les enseignants devraient être en train de mettre en place une expérience innovante permettant, en répartissant les écoliers par groupe de niveau et non par classe, de rattraper les retards d’apprentissage. Il n’en est plus question. Mardi, un assistant d’éducation a été agressé par un groupe d’une vingtaine d’élèves pour avoir pris le ballon à un groupe d’enfantsqui refusaient d’arrêter de jouer après la fin de la récréation. Il a porté plainte pour violences et menaces de mort.
« Il faut que cela redevienne une école, pour le moment c’est un souk, déplore un animateur du centre social Aragon voisin. On aimerait bien comprendre pourquoi à l’école Alain-II, juste à côté, tout se passe bien. » « Alain-I est l’école la plus difficile du département, confirme Eric Sueur, secrétaire départemental du Snuipp, principal syndicat représentant les enseignants du premier degré. Pour l’instant, les professeurs tentent de transformer les enfants en élèves. Mais c’est une vraie poudrière. » La situation n’est pas nouvelle, elle perdure depuistrois ans. Pour redonner un nouveau souffle, toute l’équipe enseignante a été changée cette année. « Cette année, les enfants sont les plus anciens dans l’école », pointe Eric Sueur.
« Ils testent les adultes pour voir jusqu’où ils peuvent aller, déplore une maman qui estime à une vingtaine le nombre d’éléments perturbateurs. L’un montre ses fesses à toute la classe, des petits frappent des plus grands, insultent les maternelles à travers la grille… On va finir par avoir besoin de CRS. Il faut qu’ils s’en aillent pour que le calme revienne. »
Une option qu’envisagerait l’inspection académique, qui a commencé par organiser une réunion avec les parents, lundi. Elle devrait aussi mettreen place un accompagnement personnalisé d’une quinzaine d’écoliers. Dès hier, l’équipe mobile d’intervention, une unité de l’inspection qui intervient en cas de conflit dans les collèges, a investi les lieux. Pour aider à l’apaisement, la mairie va mobiliser des animateurs du service jeunesse durant les récréations. Pour que les élèves se réapproprient les lieux, ils devraient participer à la décoration de l’école tandis que des travaux de réfection dans l’établissement sont planifiés. Des associations doivent aussi intervenir pour favoriser le respect et la citoyenneté.
Les professeurs, « une équipe soudée », selon le Snuipp-FSU, ne souhaitent pas s’exprimer, attendant de constater l’efficacité des moyens mis en place. Silence aussi du côté de l’inspection académique qui se borne à déclarer qu’elle « travaille avec l’équipe pour que l’école retrouve un fonctionnement normal ».
- JulienVisiteur
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Mer 24 Oct 2012, 13:16
Ce qui est désespérant dans ce type de situation c'est que l'éducation nationale fonctionne à l'envers, cette école est identifiée "difficile" depuis plusieurs années elle fait partie du réseau ECLAIR et les enseignants souhaitant y enseigner sont recrutés sur dossier qui doit être validé par l'inspecteur....
http://www.ia77.ac-creteil.fr/images/stories/ml/2011-2012/Circulaires/5-2012/DPPE/Appel__candidatures_Alain_I_post_mvt.pdf
Quand on regarde les avantages (bonification, prime éclair,..) et qu'on les compare à la surcharge de travail demandée par ce type de postes (travail en équipe, élèves difficiles, ....) on comprend mieux pourquoi peu d'enseignants expérimentés postulent sur ce type de postes qui restent accessibles quasiment uniquement pour les enseignants débutants (qui sont tout à fait compétents mais pour qui ce n'est pas un cadeau de commencer par ce type de poste, les années permettant de gérer plus facilement ces problèmes...).
Si on veut améliorer la situation dans ces écoles il n' y a pas beaucoup de solutions, il faut de l'ARGENT !!! Il faut que ces postes deviennent vraiment intéressants pour les enseignants afin qu'il y ait une demande supérieure à l'offre de postes et non un recrutement à profil qui n'en est pas un...
http://www.ia77.ac-creteil.fr/images/stories/ml/2011-2012/Circulaires/5-2012/DPPE/Appel__candidatures_Alain_I_post_mvt.pdf
Quand on regarde les avantages (bonification, prime éclair,..) et qu'on les compare à la surcharge de travail demandée par ce type de postes (travail en équipe, élèves difficiles, ....) on comprend mieux pourquoi peu d'enseignants expérimentés postulent sur ce type de postes qui restent accessibles quasiment uniquement pour les enseignants débutants (qui sont tout à fait compétents mais pour qui ce n'est pas un cadeau de commencer par ce type de poste, les années permettant de gérer plus facilement ces problèmes...).
Si on veut améliorer la situation dans ces écoles il n' y a pas beaucoup de solutions, il faut de l'ARGENT !!! Il faut que ces postes deviennent vraiment intéressants pour les enseignants afin qu'il y ait une demande supérieure à l'offre de postes et non un recrutement à profil qui n'en est pas un...
- benjaminMeldois
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Mer 24 Oct 2012, 19:45
J'ai eu l'occasion de démontrer qu'en ZEP, on dépensait moins d'argent que dans des écoles qui ne posent aucun problème, parce que si le taux d'encadrement est (légèrement) meilleur, les personnels, tous débutants, sont en bas des grilles salariales.
Cela dit, prenez un enseignant "normal" dont le salaire tourne autour de 2.000 euros et proposez lui de bosser là pour 3.000 euros... Je doute même que cela en incite beaucoup, si ce n'est des mercenaires qui ne viendront que pour palper. On n'est pas dans le registre du travailler plus, là, mais dans celui d'y laisser sa santé en peu de temps.
Cela dit, on ne pourra jamais régler de tels problèmes dans le seul cadre de l'école où les enfants ne passent que 10% de leur temps conscient (quand on retire les week-ends, les vacances, etc)
Ces comportements révèlent une totale inaptitude à vivre en groupe, une désocialisation complète quand ce n'est pas une non socialisation , révélatrice de maux qui dépassent de loin le cadre de l'éducation scolaire.
Cela dit, prenez un enseignant "normal" dont le salaire tourne autour de 2.000 euros et proposez lui de bosser là pour 3.000 euros... Je doute même que cela en incite beaucoup, si ce n'est des mercenaires qui ne viendront que pour palper. On n'est pas dans le registre du travailler plus, là, mais dans celui d'y laisser sa santé en peu de temps.
Cela dit, on ne pourra jamais régler de tels problèmes dans le seul cadre de l'école où les enfants ne passent que 10% de leur temps conscient (quand on retire les week-ends, les vacances, etc)
Ces comportements révèlent une totale inaptitude à vivre en groupe, une désocialisation complète quand ce n'est pas une non socialisation , révélatrice de maux qui dépassent de loin le cadre de l'éducation scolaire.
- JulienVisiteur
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Mer 24 Oct 2012, 20:26
Je pense que l'argent est un bon moyen de motiver les personnels, contrairement à ce que disait le ministre de l'éducation nationale en début d'année (la vocation ne fait pas tout...)...Si les professeurs ont le choix ils ont bien évidemment tendance pour un même salaire(ou presque) à aller travailler dans des structures "tranquilles", c'est moins fatiguant.... en revanche un réel avantage financier permettrait à des professeurs aguerris d'investir ce type de poste plus facilement.
Je rejoins le commentaire de Benjamin sur le fait que l'école ne peut pas tout et que l'on ne peut pas se substituer aux parents avec qui l'enfant passe la majorité de son temps, en revanche je ne le suis absolument pas avec la fin du commentaire. Ces élèves sont des élèves comme les autres, ils ont juste besoin d'un cadre encore plus stable à l'intérieur de l'école que d'autres enfants, au lieu de cela l'école leur en fournit encore moins que dans d'autres quartiers...
Une école, même dans la pire banlieue, avec une équipe stable, expérimentée, motivée, à qui on fournit des moyens supplémentaires pour travailler ne fera jamais parler d'elle dans les journaux...
Je rejoins le commentaire de Benjamin sur le fait que l'école ne peut pas tout et que l'on ne peut pas se substituer aux parents avec qui l'enfant passe la majorité de son temps, en revanche je ne le suis absolument pas avec la fin du commentaire. Ces élèves sont des élèves comme les autres, ils ont juste besoin d'un cadre encore plus stable à l'intérieur de l'école que d'autres enfants, au lieu de cela l'école leur en fournit encore moins que dans d'autres quartiers...
Une école, même dans la pire banlieue, avec une équipe stable, expérimentée, motivée, à qui on fournit des moyens supplémentaires pour travailler ne fera jamais parler d'elle dans les journaux...
- benjaminMeldois
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Mer 24 Oct 2012, 22:06
Je dois me présenter pour expliciter mon propos: je suis enseignant en retraite et j'ai exercé les 3/4 de mon temps dans des zones dites sensibles où à peu près personne ne désirait aller, que ce soit en Seine & Marne, puis en Guyane. Mais j'avais été bien formé, et j'en voulais... en plus n'étant pas en charge de famille, je ne lui faisais pas supporter mon stress et mon manque de temps pour cause de travail plus prenant.
L'argent ne motive pas... ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas en donner! Mais il est une juste rémunération du travail accompli, et on doit en recevoir davantage quand on travaille plus, de par les conditions qui nous sont faites. Je pense davantage à des décharges horaires.
On prend le problème à l'envers, d'ailleurs! Un débutant qui sert en zone sensible durant cinq ans se voit attribuer un capital points tel qu'il peut espérer une mutation dans une zone recherchée... D'où l'appel d'air qui pousse les débutants là où on devrait avoir des gens expérimentés.
Les fonctionnaires avançant du 1er échelon au 11ème en attendant ceux de la hors classe, je serais plutôt en faveur d'un système où on ne serait pas nommé en début de carrière en ZS, mais où on resterait inexorablement bloqué au 8ème échelon si à ce moment on ne va pas y servir cinq ans. Seul moyen d'avoir des gens avec de l'expérience.
Notons que quand le recteur a voulu bloquer des postes pour que les débutants n'aillent pas sur ces zones impossibles... les syndicats d'enseignants ont fait grève!
Vous parlez de l'influence des parents, mais... je dirais: pas que. Pourquoi travailler à l'école quand la perspective est le chômage ou un emploi à 1.000 euros net, et qu'en guettant pour le dealer local que chacun connaît, on se fera 200 euros par nuit?
Enfin... question pudique: pourquoi l'école jumelle qui a le même public ne pose-t-elle pas de problème?
L'argent ne motive pas... ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas en donner! Mais il est une juste rémunération du travail accompli, et on doit en recevoir davantage quand on travaille plus, de par les conditions qui nous sont faites. Je pense davantage à des décharges horaires.
On prend le problème à l'envers, d'ailleurs! Un débutant qui sert en zone sensible durant cinq ans se voit attribuer un capital points tel qu'il peut espérer une mutation dans une zone recherchée... D'où l'appel d'air qui pousse les débutants là où on devrait avoir des gens expérimentés.
Les fonctionnaires avançant du 1er échelon au 11ème en attendant ceux de la hors classe, je serais plutôt en faveur d'un système où on ne serait pas nommé en début de carrière en ZS, mais où on resterait inexorablement bloqué au 8ème échelon si à ce moment on ne va pas y servir cinq ans. Seul moyen d'avoir des gens avec de l'expérience.
Notons que quand le recteur a voulu bloquer des postes pour que les débutants n'aillent pas sur ces zones impossibles... les syndicats d'enseignants ont fait grève!
Vous parlez de l'influence des parents, mais... je dirais: pas que. Pourquoi travailler à l'école quand la perspective est le chômage ou un emploi à 1.000 euros net, et qu'en guettant pour le dealer local que chacun connaît, on se fera 200 euros par nuit?
Enfin... question pudique: pourquoi l'école jumelle qui a le même public ne pose-t-elle pas de problème?
- JulienVisiteur
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Jeu 25 Oct 2012, 11:47
L'idée du blocage à un échelon donné peut être une solution, la responsabilité des syndicats est sûrement également importante, en revanche je maintiens qu' un réel avantage financier amènerait un autre type de postulants...je suis enseignant en SEGPA et si les conditions de travail et de rémunération étaient vraiment avantageuses je viendrais sans aucun problème dans ce type d'école....
Pour l'école Alain II on revient à ce que je disais dans un autre post à savoir que c'est une question de stabilité et de cohérence d'équipe.....si j'avais été nommé sur de tels postes en tout début de carrière j'aurais eu les mêmes difficultés...
En revanche je ne suis pas d'accord avec la caricature des jeunes de cités dealers de la fin du post.....
Pour l'école Alain II on revient à ce que je disais dans un autre post à savoir que c'est une question de stabilité et de cohérence d'équipe.....si j'avais été nommé sur de tels postes en tout début de carrière j'aurais eu les mêmes difficultés...
En revanche je ne suis pas d'accord avec la caricature des jeunes de cités dealers de la fin du post.....
- benjaminMeldois
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Jeu 25 Oct 2012, 13:34
En revanche je ne suis pas d'accord avec la caricature des jeunes de cités dealers de la fin du post.....
EDITE samedi soir ....
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/meaux-vaste-coup-de-filet-antidrogue-26-10-2012-2268373.php
Qui croira sérieusement que ce trafic autour du bâtiment Albret était inconnu des familles et des gamins?
*******************
Je ne caricature pas des individus, jeunes ou moins jeunes: je décris un système tel qu'il est, sachant que malgré cette tentation de l'argent facile, la majorité des personnes concernées n'y cède pas. Il n'empêche que le discours auprès d'enfants: "travaille bien à l'école, sois honnête et tu réussiras dans la vie" est, de nos jours, totalement décalé.
Il faut être naïf pour nier que des territoires de la République sont des zones de non droit, et j'inclus Beauval & Dunant (du moins certaines zones: pas tout le quartier et en étant conscient que ce ne sont pas les pires de France, très loin de là: elles ne figurent plus dans les 200 zones totalement déstructurées). Là, le malfrat s'est substitué à la société (y compris à l'assistante sociale: on "dépanne" la mère de famille isolée sans revenu en demandant en échange qu'elle garde des paquets)
**********************
Je répète que je ne nie pas la nécessité de payer au juste prix des gens qui travaillent dans des conditions éprouvantes. Mais il ne faut pas rêver: en ces temps de disette budgétaire et avec un pouvoir "de gauche" qui a choisi au delà de quelques postures de coller à l'austérité, ça ne se fera pas, en dehors peut être d'une prime toute symbolique qui fera "peanuts" pour l'individu... tout en coûtant très cher au niveau national.
Ajoutez 500 euros par mois à, disons, 50.000 personnes concernées, ça fait 400 millions d'euros par an avec les charges, et ça créera un appel d'air qui poussera d'autres personnels tout aussi méritants (santé, police, etc.) à vouloir leur dû aussi. L’État en étant venu à gratter 50 millions par ci, par là...
Et tout comme j'ai vu des gens aller en ZS avec une seule idée en tête: accumuler le capital points suffisant pour se faire muter au soleil, puis ne rien y faire de plus que le strict minimum pendant cinq années pile (là encore, sans généraliser), je ne doute pas qu'on verra des gens y aller pour toucher l'artiche, sans s'investir, à côté de gens qui se défoncent.
Parce que en zone sensible, quand les résultats sont mauvais, l'excuse est toute trouvée: "c'est à cause du milieu, pas de moi même". J'ai été conseiller pédagogique et on me l'a jouée souvent, cette musique. Or dans la classe voisine, malgré "le milieu" il y avait pourtant des résultats tangibles sur le plan des savoirs, des savoir-faire et des comportements. (NB. Ne me faites pas le coup du conseiller pédagogique qui théorise hors des réalités: je le fus quatre ans et j'ai repris volontairement une classe, là où sans doute c'était le plus difficile à tous points de vue en Guyane; ayant toujours professé que sans la pratique, on se coupait des réalités au bout d'un certain temps, je voulais être cohérent)
Pour ma part, je ne suis pas en faveur d'un système où cohabiteraient de multiples rémunérations (mais je conçois qu'on pense autrement!): là, nous sommes devant une situation où on doit être aux aguets, prêts à réagir au moindre incident de manière adéquate, où le stress est énorme et où il faut être toujours maître de ses nerfs pour ne pas déraper (quand on se fait insulter voire taper dessus, c'est dur de ne pas balancer une mandale; or d'une part c'est un suicide professionnel, d'autre part c'est un aveu d’échec).
Je pense en conséquence que c'est sur la décharge de service qu'il faudrait pouvoir jouer, dans l'hypothèse où on aurait le budget pour. Parce qu'un des moyens de ne pas avoir de binz, c'est de savoir occuper de façon intéressante les élèves, sans aucun flottement (condition nécessaire mais pas suffisante): pour cela il faut travailler d'arrache-pied afin de tout préparer, tout prévoir, pour que chacun avance à son rythme et selon ses besoins. Il faut se concerter, échanger ses expériences. Et dans ces conditions, passer 24h en face des élèves plus au moins autant en préparation, c'est inhumain quand les 24h ont été très difficiles.
Si la situation est vraiment comme l'a décrit ce reportage (je me méfie aussi du sensationnalisme journalistique) et si les personnels travaillaient à 2/3 de temps voire même à mi-temps face aux élèves, ils seraient sans doute mieux à même de gérer la tension et les problèmes du quotidien.
Un dernier point sur l'attitude lamentable des syndicats d'enseignants qui ne se préoccupent plus guère que des "anciens" pour le motif (non invoqué mais réel) que les jeunes ne se syndiquent plus.
Cette grève pour protéger les chenus et envoyer au casse-pipe des sortants d'IUFM sur les postes les plus durs, alors même qu'au delà du verbe ils ne se sont pas frités sérieusement contre le pouvoir sarkozyste quand il a supprimé l'année de formation (imparfaite mais qui avait le mérite d'exister: on pouvait la réformer), a été pour moi la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Je me contentais de ne plus y adhérer... Désormais je leur rentre dans le lard à la moindre occasion. Certes, les jeunes enseignants ne se syndiquent plus guère, mais pourquoi le feraient-ils de nos jours? Pour ma part, considérant qu'un salarié ou un retraité DOIT être syndiqué, je me suis affilié à la plus grande centrale française, et je suis mêlé aux autres travailleurs.
Parce qu'il y a plus de 40 ans, quand j'entrais dans le métier, le syndicat national des instituteurs m'aidait. Et sur le plan des rapports avec la hiérarchie, et sur le plan social, et sur le plan professionnel, et sur le plan pédagogique (la revue hebdomadaire comprenait un cahier de ressources pédagogiques et le bon syndiqué était une ressource pour le jeunot: il y mettait un point d'honneur). Enfin, en Seine & Marne, les dirigeants syndicaux exerçaient à mi-temps, et étaient des modèles sur le plan professionnel.
J'ai été prolo avant d'enseigner, et c'était pareil à l'usine. Le Mimile du syndicat nous prenait sous son aile, nous donnait des conseils avisés, faisait l'interface avec le singe, nous engu... quand on faisait une connerie, pour nous éviter la sanction, tout en nous défendant ("tu files pas ce poste au môme, il y a des trucs trop lourds à porter, il va se dézinguer le dos". C'est ce qu'on a dit sans que je ne demande rien, pour me protéger, quand je faisais de l'emballage, à 16 ans).
Entrant dans l'enseignement à 21 ans, j'ai trouvé à l'époque une ambiance un peu similaire.
De nos jours, non seulement les "vieux" se font muter là où c'est gérable, mais quand par hasard ils ont un jeunot parmi eux, neuf fois sur dix, c'est lui qui écope des classes les plus dures et de l'emploi du temps le plus calamiteux.
Il faut être naïf pour nier que des territoires de la République sont des zones de non droit, et j'inclus Beauval & Dunant (du moins certaines zones: pas tout le quartier et en étant conscient que ce ne sont pas les pires de France, très loin de là: elles ne figurent plus dans les 200 zones totalement déstructurées). Là, le malfrat s'est substitué à la société (y compris à l'assistante sociale: on "dépanne" la mère de famille isolée sans revenu en demandant en échange qu'elle garde des paquets)
**********************
Je répète que je ne nie pas la nécessité de payer au juste prix des gens qui travaillent dans des conditions éprouvantes. Mais il ne faut pas rêver: en ces temps de disette budgétaire et avec un pouvoir "de gauche" qui a choisi au delà de quelques postures de coller à l'austérité, ça ne se fera pas, en dehors peut être d'une prime toute symbolique qui fera "peanuts" pour l'individu... tout en coûtant très cher au niveau national.
Ajoutez 500 euros par mois à, disons, 50.000 personnes concernées, ça fait 400 millions d'euros par an avec les charges, et ça créera un appel d'air qui poussera d'autres personnels tout aussi méritants (santé, police, etc.) à vouloir leur dû aussi. L’État en étant venu à gratter 50 millions par ci, par là...
Et tout comme j'ai vu des gens aller en ZS avec une seule idée en tête: accumuler le capital points suffisant pour se faire muter au soleil, puis ne rien y faire de plus que le strict minimum pendant cinq années pile (là encore, sans généraliser), je ne doute pas qu'on verra des gens y aller pour toucher l'artiche, sans s'investir, à côté de gens qui se défoncent.
Parce que en zone sensible, quand les résultats sont mauvais, l'excuse est toute trouvée: "c'est à cause du milieu, pas de moi même". J'ai été conseiller pédagogique et on me l'a jouée souvent, cette musique. Or dans la classe voisine, malgré "le milieu" il y avait pourtant des résultats tangibles sur le plan des savoirs, des savoir-faire et des comportements. (NB. Ne me faites pas le coup du conseiller pédagogique qui théorise hors des réalités: je le fus quatre ans et j'ai repris volontairement une classe, là où sans doute c'était le plus difficile à tous points de vue en Guyane; ayant toujours professé que sans la pratique, on se coupait des réalités au bout d'un certain temps, je voulais être cohérent)
Pour ma part, je ne suis pas en faveur d'un système où cohabiteraient de multiples rémunérations (mais je conçois qu'on pense autrement!): là, nous sommes devant une situation où on doit être aux aguets, prêts à réagir au moindre incident de manière adéquate, où le stress est énorme et où il faut être toujours maître de ses nerfs pour ne pas déraper (quand on se fait insulter voire taper dessus, c'est dur de ne pas balancer une mandale; or d'une part c'est un suicide professionnel, d'autre part c'est un aveu d’échec).
Je pense en conséquence que c'est sur la décharge de service qu'il faudrait pouvoir jouer, dans l'hypothèse où on aurait le budget pour. Parce qu'un des moyens de ne pas avoir de binz, c'est de savoir occuper de façon intéressante les élèves, sans aucun flottement (condition nécessaire mais pas suffisante): pour cela il faut travailler d'arrache-pied afin de tout préparer, tout prévoir, pour que chacun avance à son rythme et selon ses besoins. Il faut se concerter, échanger ses expériences. Et dans ces conditions, passer 24h en face des élèves plus au moins autant en préparation, c'est inhumain quand les 24h ont été très difficiles.
Si la situation est vraiment comme l'a décrit ce reportage (je me méfie aussi du sensationnalisme journalistique) et si les personnels travaillaient à 2/3 de temps voire même à mi-temps face aux élèves, ils seraient sans doute mieux à même de gérer la tension et les problèmes du quotidien.
Un dernier point sur l'attitude lamentable des syndicats d'enseignants qui ne se préoccupent plus guère que des "anciens" pour le motif (non invoqué mais réel) que les jeunes ne se syndiquent plus.
Cette grève pour protéger les chenus et envoyer au casse-pipe des sortants d'IUFM sur les postes les plus durs, alors même qu'au delà du verbe ils ne se sont pas frités sérieusement contre le pouvoir sarkozyste quand il a supprimé l'année de formation (imparfaite mais qui avait le mérite d'exister: on pouvait la réformer), a été pour moi la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Je me contentais de ne plus y adhérer... Désormais je leur rentre dans le lard à la moindre occasion. Certes, les jeunes enseignants ne se syndiquent plus guère, mais pourquoi le feraient-ils de nos jours? Pour ma part, considérant qu'un salarié ou un retraité DOIT être syndiqué, je me suis affilié à la plus grande centrale française, et je suis mêlé aux autres travailleurs.
Parce qu'il y a plus de 40 ans, quand j'entrais dans le métier, le syndicat national des instituteurs m'aidait. Et sur le plan des rapports avec la hiérarchie, et sur le plan social, et sur le plan professionnel, et sur le plan pédagogique (la revue hebdomadaire comprenait un cahier de ressources pédagogiques et le bon syndiqué était une ressource pour le jeunot: il y mettait un point d'honneur). Enfin, en Seine & Marne, les dirigeants syndicaux exerçaient à mi-temps, et étaient des modèles sur le plan professionnel.
J'ai été prolo avant d'enseigner, et c'était pareil à l'usine. Le Mimile du syndicat nous prenait sous son aile, nous donnait des conseils avisés, faisait l'interface avec le singe, nous engu... quand on faisait une connerie, pour nous éviter la sanction, tout en nous défendant ("tu files pas ce poste au môme, il y a des trucs trop lourds à porter, il va se dézinguer le dos". C'est ce qu'on a dit sans que je ne demande rien, pour me protéger, quand je faisais de l'emballage, à 16 ans).
Entrant dans l'enseignement à 21 ans, j'ai trouvé à l'époque une ambiance un peu similaire.
De nos jours, non seulement les "vieux" se font muter là où c'est gérable, mais quand par hasard ils ont un jeunot parmi eux, neuf fois sur dix, c'est lui qui écope des classes les plus dures et de l'emploi du temps le plus calamiteux.
- benjaminMeldois
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Lun 26 Nov 2012, 17:00
Un autre paramètre qui joue aussi, même si c'est "aux marges".
Je suis passé devant l'école ce matin, en vélo. Difficile de faire plus sinistre comme lieu de vie que ces bâtiments impersonnels, construits à la va-vite dans les années 60-70, moches, sans aucun élément de personnalisation.
Les mômes qui la fréquentent sont des défavorisés socialement, à 95%. Si en franchissant les portes de l'école ils avaient le sentiment d'entrer dans un espace beau et paisible, une sorte de "temple du savoir", cela contribuerait à créer une autre ambiance.
Ce que la IIIe République a fait en fin de XIXe siècle, on ne peut pas le répéter au XXIe? Le gosse sortait de son taudis ou de sa ferme avec l'eau à tirer au puits, pour aller dans une école solide, bien chauffée, confortable, faite pour durer** et qui de ce fait en imposait .
** la preuve: elles durent toujours et sont toujours en général les plus agréables, les plus confortables...
Je suis passé devant l'école ce matin, en vélo. Difficile de faire plus sinistre comme lieu de vie que ces bâtiments impersonnels, construits à la va-vite dans les années 60-70, moches, sans aucun élément de personnalisation.
Les mômes qui la fréquentent sont des défavorisés socialement, à 95%. Si en franchissant les portes de l'école ils avaient le sentiment d'entrer dans un espace beau et paisible, une sorte de "temple du savoir", cela contribuerait à créer une autre ambiance.
Ce que la IIIe République a fait en fin de XIXe siècle, on ne peut pas le répéter au XXIe? Le gosse sortait de son taudis ou de sa ferme avec l'eau à tirer au puits, pour aller dans une école solide, bien chauffée, confortable, faite pour durer** et qui de ce fait en imposait .
** la preuve: elles durent toujours et sont toujours en général les plus agréables, les plus confortables...
- JulienVisiteur
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Re: Meaux : la loi de la violence règne à l’école Alain-I (le Parisien)
Sam 16 Fév 2013, 18:34
Pour revenir sur l'avant dernier post, je connais peu les syndicats donc je n'en pense pas grand chose, en revanche je suis totalement pour une rémunération des enseignants au mérite, à l'investissement, à l'innovation....bien évidemment cela nécessiterait un encadrement et un suivi beaucoup plus régulier qu'aujourd'hui (donc cela couterait cher...) mais ça éviterait des situations démotivantes en terme de travail et de perspectives de carrières comme c'est le cas aujourd'hui....de même je pense qu'une décharge de service des enseignants coûterait plus cher qu'une VRAIE prime dans ces quelques écoles qui posent problème, et permettrait à des enseignants motivés et plus expérimentés de s'investir et de reprendre les choses en main. Ca éviterait à l'inspectrice de passer sa vie à Alain I comme c'est le cas aujourd'hui.
Sur la beauté des bâtiments c'est vrai que c'est pas franchement magnifique mais à l'intérieur je trouve ça plutôt fonctionnel quoique effectivement assez vieillot...
Sur la beauté des bâtiments c'est vrai que c'est pas franchement magnifique mais à l'intérieur je trouve ça plutôt fonctionnel quoique effectivement assez vieillot...
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