Une information, désinformation
Le titre de l'article était assez simple a trouver parce que tellement vrai, et que l'observatoire des médias, ACRIMED, en a fait un autocollant.
La situation est intenable, nous sommes au bord de l'overdose de pensée unique déversée par la presse écrite, les "gratuits", les chaînes "infos", BFNTV, I>Télé, et par le service public. Aujourd'hui, ce ne sont plus des médias d’informations que nous avons mais des médias de propagande.
Une fois n'est pas coutume, le texte qui suit n'est pas de moi, il est de Serge Halimi, extrait de son livre "Les Nouveaux Chiens de Garde", qui apporte un éclairage utile sur la réalité du monde médiatique.
"Des médias de plus en plus présents, des journalistes de plus en plus dociles, une information de plus en plus médiocre. Longtemps, le désir de transformation sociale continuera de buter sur cet obstacle.
Face à un parti non déclaré, à une oligarchie dont on ne doit rien attendre, mieux vaut chercher et encourager les voix dissidentes, conscients du caractère irréversible de leur marginalité médiatique. S'il faut néanmoins tempérer la noirceur de ce bilan -qui tient aussi lieu de pronostic-, c'est uniquement en raison des échecs de la propagande. La vie sociale résiste à l'écran, elle n'est pas virtuelle, elle informe souvent davantage que l' "information" sur les mécanismes du pouvoir et sur l'urgence des refus. Les grèves de novembre-décembre 1995 en ont fourni l'éclatant rappel.
Près de Taulignan dans la Drôme, d'anciens résistants organisent, chaque année, aux alentours du 15 août, un spectacle en souvenir de leurs camarades. Gravissant à pied ou en 4x4 des sentiers rocailleux et caniculaires, ils se retrouvent sur le massif de la Lance, qui fut alors le quartier général local de la Résistance. Là, devant quelques centaines de spectateurs, de jeunes acteurs lisent des témoignages de vieux militants, des poèmes d'Éluard, de Pierre Emmanuel et de Nazim Hikmet. Un peu trop didactiques sans doute -mais le Front National est puissant dans la région- ils dénoncent ceux qui, à Vichy, réclamaient déjà la préférence nationale. À la fin du spectacle, ils entonnent le Chant des Partisans et Le Temps des cerises. Puis chacun redescend, heureux, sur Taulignan.
Cette "information", cette culture, cette sensibilité-là ne sont pas destinées à attirer les caméras. Elles ne présentent d'ailleurs aucun caractère exceptionnel; ce ne sont pas des "évènements". Mais elles survivent dans le pays. Et c'est un peu grâce à elles que les voix de la dissidence ne se sont jamais tues en France.
Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé : "Il y a vingt ans, ils déjeunaient avec nous dans les cafés. Aujourd'hui, ils dinent avec des industriels"
En ne rencontrant que des "décideurs", en se dévoyant dans une société de cour et d'argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s'est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l'appauvrissement du débat public.
Cette situation est le propre d'un système : les codes de la déontologie n'y changerons pas grand chose. Mais face à ce que Paul Nizan appelait "les concepts dociles que rangent les caissiers soigneux de la pensée bourgeoise", la lucidité est une forme de résistance."
Serge Halimi
Ce livre, "Les nouveaux chiens de garde" (édition Liber-raison d'agir) a servit de base pour le scénario du film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat que je vous conseille vivement de voir si ce n'est fait, et qui est disponible en DVD sur le site d'ACRIMED.
[caption id="attachment_343" align="aligncenter" width="250"] DVD Nouveaux chiens de garde[/caption]
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